Écrire à la manière d’un scénariste

Écrire un scénario est un art exigeant, qui nécessite une méthode structurée, une vision claire et une capacité à captiver un public à travers des dialogues, des scènes et des intrigues bien construites. Auteur débutant ou confirmé, les étapes phares pour rédiger un scénario impactant, tout en optimisant ce processus de création.

Comprendre la structure narrative classique

La première clé d’entrée est de comprendre et maîtriser la structure narrative classique. La plupart des scénarios suivent un modèle en trois actes : introduction, confrontation, résolution. Ce schéma, popularisé par des théoriciens comme Syd Field, est utilisé dans de nombreux films hollywoodiens et séries TV.

  • Le premier acte introduit les personnages, l’univers et le conflit principal. C’est ici que l’on plante le décor et que l’on capte l’attention du spectateur.

  • Le deuxième acte est souvent le plus long et constitue la montée des obstacles. Les personnages sont confrontés à des difficultés qui compliquent la résolution du problème initial.

  • Le troisième acte est celui de la résolution, où les tensions culminent et où le protagoniste trouve (ou non) une solution à son dilemme.

Un scénario bien structuré repose sur des moments clés comme l'incident déclencheur qui lance l’intrigue, le point culminant qui marque la fin de l’acte 2, ou encore la résolution finale qui doit apporter une conclusion satisfaisante au récit. Ces éléments offrent un cadre à respecter pour construire une histoire captivante.

Créer des personnages en relief

Un bon scénario repose sur des personnages solides, authentiques et bien développés. Ce sont eux qui ancrent l’intrigue dans une réalité tangible et suscitent l’empathie du spectateur. Les scénaristes professionnels commencent souvent par créer des fiches de personnages détaillées, incluant leurs caractéristiques physiques, psychologiques, et leur parcours de vie.

Pour chaque personnage, il est essentiel de définir :

  • Leur objectif : Que cherche-t-il à accomplir ?

  • Leur motivation : Pourquoi cet objectif est-il crucial pour eux ?

  • Leur conflit interne : Quels dilemmes personnels ou moraux les empêchent d’avancer ?

Par exemple, dans le film Breaking Bad, Walter White, un professeur de chimie devenu fabricant de drogue, est motivé par l’envie de subvenir aux besoins de sa famille après avoir été diagnostiqué d’un cancer. Son conflit interne réside dans la transformation de sa morale alors qu’il s’enfonce dans le monde criminel.

Les dialogues sont également cruciaux dans la construction des personnages. Un bon scénariste sait qu’un dialogue ne doit pas simplement transmettre des informations, mais révéler les émotions, les conflits internes, et l’évolution des personnages. L’art des dialogues réside dans la subtilité : il faut suggérer sans tout expliciter.

L’importance des scènes et du rythme

Écrire un scénario, c’est savoir gérer le rythme du récit. Chaque scène doit apporter une avancée narrative ou un développement des personnages. Les scénaristes expérimentés recommandent de se demander, avant d’écrire chaque scène, en quoi celle-ci fait avancer l’intrigue ou modifie la situation des personnages.

Un bon rythme repose aussi sur la variation des types de scènes : des moments de tension doivent être suivis de moments de calme pour permettre au spectateur de respirer. De même, les scènes d’action ne doivent pas être présentes uniquement pour le spectacle : elles doivent être au service de l’histoire.

Un bon moyen de structurer son scénario est d’utiliser des séquences, des ensembles de scènes ayant une unité thématique ou narrative. Cela permet de diviser le film en parties gérables et de s’assurer que chaque séquence mène à un changement significatif.

Le traitement visuel : montrer plutôt que dire

Le cinéma étant un art visuel, il est essentiel de penser le scénario en termes d’images. Le principe de base du scénario est « montrer plutôt que dire ». Les actions et les comportements des personnages doivent être priorisés par rapport aux dialogues explicatifs. Un bon scénariste sait qu’une image, un geste ou un regard peuvent en dire bien plus qu’un long discours.

Cela nécessite de développer une écriture visuelle, en décrivant les actions de manière précise tout en laissant suffisamment de marge pour que le réalisateur puisse interpréter et traduire ces descriptions à l’écran. Par exemple, au lieu d’écrire « Il est en colère », il vaut mieux décrire un personnage serrant les poings, le visage crispé, les lèvres tremblantes.

Réviser, ajuster et affiner

Une fois le premier jet terminé, la phase de réécriture est cruciale. Un scénario n’est jamais parfait à la première écriture. Il est donc important de relire, réajuster les dialogues, affiner les arcs narratifs, et vérifier que chaque scène est nécessaire et percutante.

Les scénaristes professionnels passent souvent par plusieurs étapes de révision, en demandant parfois des retours extérieurs pour identifier les incohérences ou les longueurs. Le but est de polir le texte jusqu’à ce qu’il soit aussi fluide que captivant.

Écrire un scénario à la manière d’un scénariste professionnel exige de la rigueur, de la créativité et une connaissance approfondie des mécanismes narratifs. En maîtrisant la structure, en créant des personnages vivants, en soignant le rythme des scènes et en travaillant visuellement le texte, il est possible de donner vie à une histoire captivante et immersive.